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20/04/22

Marie-Kristine Vanbockestal, DG du Forem, croit en l'avenir avec force [Article La Meuse]

Le Forem a diffusé près de 80.000 offres d’emploi en 2 mois. Pour rappel, en 2021, 580.000 offres étaient disponibles. Aujourd’hui, les secteurs les plus porteurs en dehors de la construction (41 métiers de la construction font face à une pénurie de main-d’œuvre) et les biotechnologies (que l’on cite souvent) sont les services aux entreprises, le commerce et l’industrie manufacturière. Marie-Kristine Vanbockestal, la directrice générale du Forem croit en l’avenir avec force.

Vous voulez remettre au plus vite les demandeurs d’emploi au travail ?

« On va faire du « job first ». Pourquoi on va le faire ? Parce que l’on s’est rendu compte que 40 % des offres d’emplois que l’on reçoit ne demandent pas de qualification particulière : il y a des employeurs qui ne placent pas le profit en premier…(économie sociale, non-marchand, services publics…) Nos conseillers entreprises sont chargés de bien cibler ces offres-là. On va proposer ces emplois en premier aux personnes avant de leur proposer un parcours de requalification. On veut réinsérer d’abord par l’emploi. »

Et pour ceux qui sont encore aujourd’hui en difficulté ?

« Nous travaillons à différents niveaux et sur des publics spécifiques parce que plus les personnes restent longtemps au chômage, moins elles ont de chances de retrouver un emploi. On a 199.000 demandeurs d’emploi et 45 % d’entre eux n’ont pas de diplôme. Ils ne peuvent pas être à l’emploi tout de suite. Parfois, ils n’ont pas de diplôme supérieur au second degré et/ou ils sont âgés et/ou ils sont chômeurs de longue durée. 45 % des 199.000 ont plus de 2 ans de chômage. »

Que faire pour eux ?

« Nous voulons les aider encore mieux avec une stratégie spécifique pour les chômeurs de longue durée : on va constituer des équipes spécialisées dans l’approche avec des conseillers, des assistants sociaux mais aussi avec des psychologues (ils ont des problèmes de vie qu’il faut améliorer pour les réinsérer). Quand ils sont convoqués, on va leur proposer un accompagnement avec une approche holistique. On va travailler avec des tiers (association du non-marchand…) et nous voulons une relation structurée pour les aider au mieux à retrouver un travail. »

«Récupérer les Neets»

Comment allez-vous aider les jeunes les plus en difficulté ?

« C’est un vrai défi. 10 % de jeunes de moins de 25 ans qui sont dans la situation « Neets » : ni études, ni emploi, ni en stage, On travaille avec les partenaires d’accueil en milieu ouvert, les CPAS, certaines associations… On leur propose une méthodologie originale d’accompagnement comme dans les cellules de reconversion à peu près. Tous les jours, il y a une personne qui travaille avec eux. L’opération Coup de Boost (près de 500 jeunes y ont déjà participé) a près de 70 % d’impact positif. »

Tout cela a un coût ?

« Un conseiller Forem suit un groupe de 10, cela représente un coût évidemment… mais cela coûte moins cher que s’ils restaient au chômage. »

Les entreprises vous soutiennent assez ?

« Nous avons 352 formations à notre catalogue. Les entreprises devraient proposer davantage de stages et pouvoir aussi parfaire les formations de leurs travailleurs. Je rappelle qu’il n’y a plus de période d’essai. Les entreprises s’en plaignent. Il y a une explosion des offres par intérim parce que cela permet de tester la personne. Si les entreprises les prenaient en stage, cela leur coûterait moins cher qu’en intérim et cela donnerait une première expérience à la personne. »

La différence entre le salaire et l’indemnité de chômage est trop basse ?

« Les chômeurs qui n’ont pas de travail sont malheureux. Il y a des situations délicates quand la différence entre les allocations de chômage et le salaire est trop faible. Il faut aussi aller plus loin dans le raisonnement : le déplacement, le contrat (pas un CDD de 6 mois), la crèche pour l’enfant… un emploi, ce n’est pas juste un travail. Toute la vie quotidienne doit s’articuler autour aussi. »

Où en est-on dans les territoires zéro chômeur ?

« Ce n’est pas la solution au chômage de longue durée. C’est un outil en plus. En France, les autorités partent des besoins de la personne et ils l’aident à créer son emploi. Ce n’est pas très économe des deniers publics. Le projet wallon se distinguera du modèle français. Nous voulons partir des structures existantes. »

«Le rôle central des parents et du corps enseignant!»

Comment expliquer que des jeunes n’aillent pas vers les métiers en pénurie ?

« Le Forem apporte des solutions à la problématique de la qualification, on sait former… mais il faut amener des gens à se former. On a mené l’enquête auprès de 6000 jeunes. Les raisons invoquées sont claires : les stéréotypes de genres (ce job n’est pas pour moi que cela soit un garçon ou une fille qui le dise), l’influence des parents qui ne parlent pas assez des métiers techniques à leur enfants, la perception de la difficulté des études. Des jeunes disent que certains types d’études sont très difficiles pour eux en particulier lorsqu’il y a des maths et des sciences. »

Que veulent-ils d’autre ?

« Les jeunes veulent du métier qui a du sens (valeur morale de l’entreprise, durable…) et concilier la vie privée et la vie professionnelle. Je le dis aux DRH des entreprises qui ne trouvent pas de jeunes… il faut adapter les critères de sélection et ne pas parler que de salaire. La première motivation des jeunes n’est pas le salaire, mais un CDI (trouver un prêt hypothécaire), des conditions de travail moins pénibles (pourtant il y a une automatisation et une digitalisation, certains aspects sont donc moins pénibles qu’il y a dix ans)… »

Que faire ?

« L’acte d’apprentissage ne peut jamais être contraint. Il faut orienter et montrer en cassant les stéréotypes. »

L’école et les parents n’ont pas un rôle à jouer ?

« Tout commence à l’école. L’école forme et les parents doivent éduquer en théorie. La communauté éducative doit évoluer. Il faut revoir la responsabilité de chacun et surtout arrêter avec tous les préjugés sur certains métiers. »

Un conseil aux parents ?

« Les parents doivent casser les codes. Ils ne doivent pas avoir peur de faire découvrir à leurs enfants d’autres centres d’intérêt, d’autres métiers porteurs. Il y a de magnifiques opportunités que les parents ne connaissent pas toujours et dont ils peuvent parler à leur enfant. »

L’intégration des Ukrainiens

En arrivant sur notre sol, de nombreux Ukrainiens vont vouloir travailler.

« Leur apport peut être précieux pour l’économie belge : il y a une grande diversité, il y a des gens qualifiés et moins qualifiés. Ils vont souvent vers les grands centres urbains… On va évidemment devoir vérifier les équivalences de diplômes. »

Ce n’est pas toujours facile ?

« Les procédures de reconnaissance des diplômes prennent trop longtemps. Des années parfois. La Communauté doit pouvoir aller plus vite. »

Et pour les primo arrivants ?

« Depuis 2016, 17.000 primo arrivants se sont inscrits au Forem. La moitié seulement a suivi un accompagnement spécifique… »

On peut donc faire mieux ?

« On a revu tout l’accompagnement avec le français langue étrangère, le français adapté au métier, le bilan de compétence, la formation aux essais métiers. On les forme aux compétences clef. »

«Un maçon va reconstruire la moitié de la Wallonie»

La question du sens des métiers revient souvent.

Comment mieux sensibiliser les jeunes ou les demandeurs d’emploi ?

« De nombreux emplois sont disponibles dans des secteurs très variés comme le renouvelable, la rénovation… La construction va voir s’ouvrir des marchés très importants avec des emplois wallons. 23 métiers de la construction sont en pénurie. Ce métier est porteur de sens. »

Vous n’arrivez pas à mieux les sensibiliser ?

« Le changement de mentalité est lent et demande beaucoup d’investissement. On fait des vidéos. Le gouvernement finance une campagne à 200.000 euros de promotion du secteur… Nous allons aussi dans les écoles (les métiers vont à l’école ; 4,5,6 humanités). Nous avons les « Mardis d’avenir » avec des séances d’information pour les demandeurs. Idéalement, les gens peuvent s’inscrire aux formations ou aller aux essais métiers qui sont un autre de nos projets. C’est un dispositif d’orientation où la personne peut s’essayer à trois métiers différents. Il faut oser franchir la porte. »

 

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